Côte d’Ivoire: Les fake news, un monstre qui menace la stabilité sociale !

 

En situation de crise, les fake news ont, très souvent, vite fait de jeter de l'huile sur le feu

 

La révolution du net et l’avènement des différents médias sociaux constituent une extase pour les internautes. Mais, derrière ce rideau se cache un monstre, les infox- fausses informations ou fake news- qui demeurent une menace pour la stabilité sociale de la Côte d’Ivoire voire du monde. Au fil des ans, ses conséquences deviennent désastreuses.

Récemment, le 19 mai 2021, la communauté nigérienne -Haoussa- résidant à Abidjan a été violentée par des jeunes ivoiriens suite à la diffusion d’un fake news. En effet, une fausse vidéo a fait écho des migrants ivoiriens battus au Niger. Selon le bilan officiel des autorités politiques, dans le district d’Abidjan, les violences ont fait dix blessés, six véhicules calcinés et une douzaine de magasins pillés. A l’instar de plusieurs pays africains, la Côte d’Ivoire est régulièrement secouée par la désinformation, et le phénomène avait atteint son paroxysme lors de la crise postélectorale de 2020. Dans cet « imbroglio politique », les cyber-activistes proches des organisations politiques ont inondé les réseaux sociaux d’infox afin de manipuler la masse.

Ainsi, le 09 Novembre 2020, après son interpellation par les autorités politiques. Illico presto, le président du front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan est annoncé pour mort. Comme une trainée de poudre, cette désinformation s’est répandue  sur les réseaux sociaux. Peu s’en faut qu’elle vivifie la tension politique déjà fragilisée par les affrontements communautaires à Bongouanou, fief du président du FPI.

Pour reprendre les termes d’Anthony Kennedy, juge de la Cour suprême des États-Unis dans sa décision majoritaire dans l’affaire « United States v Alvarez » a déclaré que « le remède à un discours qui est faux est un discours qui est vrai… »  

 Quelles solutions pour lutter contre les fake news ?

L’éducation aux médias et la diffusion des lois pénales relatives à l’usage d’internet sont des garde-fous contre la recrudescence de l’infox.  

Notons que la floraison de la désinformation est dorlotée par l’illettrisme et l’absence à l’« éducation aux médias » d’une grande partie des internautes. En 2017, la Côte d’Ivoire comptait 43,8% d’analphabètes. Ironie du sort, une frange importante de ce ratio est omniprésente sur internet.

 Education aux médias

L’éducation aux médias et le respect des lois pénales régissant l’usage des réseaux sociaux peaufinent progressivement le cosmos numérique. Ainsi pour éviter de tomber dans le traquenard  des fake news ou de la cybercriminalité, les internautes sont priés de se soumettre à quelques astuces et conseils d’usage.

Face à toute information, il est conseillé de faire appel à son esprit critique, partir du principe qu’elle peut être fausse. Pour ce faire la vérification de la source s’impose, plusieurs questionnaires peuvent découler de ce postulat :

Qui a publié cette information ? ; L’auteur est-il expert dans ce domaine ? ; Le compte est-il certifié (Badge bleu) ?  La date de publication : l’information est-elle d’actualité ? Le langage est-il approprié ?  Sans oublier de vérifier le titre et les messages qui l’accompagnent.

Par ailleurs, la vérification du contenu est un outil de certification de l’information, quelques astuces permettent de dénicher les anomalies. D’abord, il faut comparer l’image et le contenu du post. Ensuite, recouper l’information avec d’autres sources, voir si elle est équilibrée. Enfin, soumettre l’information aux 5 questions de base du journalisme : Qui ? Quoi ? Quand ? Ou ? Comment ? Pourquoi ?

Au revers de tous ces préceptes, les conseils ci-dessous constituent  aussi une citadelle contre les anicroches du web.  

Ne pas accepter de demande d’amitié de personne que vous ne connaissez pas ; ne pas accepter une nouvelle demande d’ajout d’une personne vous êtes déjà amis sur les réseaux sociaux sans confirmation préalable avec cette dernière ; ne pas diffamer, menacer, injurier ou harceler ; ne pas relayer des informations sans vérification et sans connaitre l’origine ; déconnecter toujours vos comptes avant de fermer votre navigateur et ne pas étaler sa vie privée sur internet, en publiant des photos ou vidéos de ses enfants.

 QUELQUES INFRACTIONS FAVORISEES PAR LES TIC

INFRACTIONS	TEXTES	PEINES
L’injure commise par voie de presse en ligne ou par tout autre moyen de publication	Article 60 de la loi N°2013-451 relative à la lutte contre la cybercriminalité	2.000.000 à 10.000.000 F CFA d’amende.
La publication, la diffusion, la divulgation ou la production par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers.	Article 173 du code pénal Article 65 de la loi N°2013-451 relative à la lutte contre la cybercriminalité	1.000.000 à 5.000.000 franc CFA 1 à 3 ans d’emprisonnement 500.000 à 5.000.000 (code pénal)
Diffamation commise par voie de presse en ligne	Article 60 de la loi N°2013 N°2013-451 relative à la lutte contre la cybercriminalité	1.000.000 à 3.000.000 F CFA d’amende.
Menace de mort ou de violence par le bais d’un système d’information	Article 59 de la loi N°2013 N°2013-451 relative à la lutte contre la cybercriminalité	2 à 5 ans d’emprisonnement 5.000.000 à 20.000.000 F CFA d’amende.

 Mission de Stop Infox Ivoire

Pour contrecarrer la paillardise des fake news, stopinfox.blogspot.com s’est inscrit dans une perspective inlassable, la vérification de l’information.     

Désormais, les internautes peuvent vérifier l’authenticité d’une information (article, vidéo et image) en envoyant un message sur le site. Cette lucarne est un cadre d’échange entre Stop Infox Ivoire et les internautes rigides à la désinformation.  

Sous d’autres cieux, la compagne contre l’infox fait déjà florès. Eu égard de sa montée en puissance en Côte d’Ivoire, l’avènement de Stop Infox Ivoire est une nécessité absolue. A l’image de la migration clandestine et du terrorisme, les fake news sont une menace périlleuse pour la quiétude de la terre d’Éburnie.

 DJIBO Amadou